POURSUITE D'UNE AVENTURE FRANCOPHONE DANS L'OUEST CANADIEN
Le centre culturel Marie-Anne-Gaboury

Récit de sa venue
Entrevue avec Liliane Coutu Maisonneuve

Récit de sa venue
Introduction
Les premiers pas de Marie-Anne Gaboury
Le départ et vie dans les Terres d'En-haut
Retour à Red River pour s'y établir
Les troubles de la colonie de Selkirk
Une fin de vie paisible

LE DÉPART ET VIE DANS LES TERRES D'EN-HAUT
Marie-Anne Gaboury est donc partie pour l'Ouest canadien en mai 1806, mais le voyage était loin d'être comme elle avait pu se l'imaginer. Jean-Baptiste l'avait prévenue que le périple serait pénible physiquement et mentalement. En effet, les voyageurs devraient affronter les humeurs de Mère Nature (vent, pluie, orages, chaleur du soleil), la dureté de la géographie (rapides, rochers, forêts peu défrichées, savanes). Ils seraient également à la merci de la promiscuité (elle était la seule femme du voyage), de la fatigue (ils devaient dormir à même le sol et à la belle étoile, attaques répétées de moustiques) et, parfois même, du découragement. Marie-Anne se devait donc d'être courageuse et patiente puisque l'excursion durerait un peu plus de trois mois.

C'est à Lachine, dans la région actuelle du Montréal métropolitain que Marie-Anne et Jean-Baptiste ont rejoint les autres aventuriers. À cet endroit, avec sept autres Canadiens-français, le couple s'est embarqué dans un des immenses canots de bois. Dans cette embarcation, ils allaient parcourir plus de 2900 km de terre et de rivières. Le voyage était très long en raison des nombreux portages à effectuer tout au long du chemin. Les portages étaient très épuisants pour les voyageurs qui, à l'approche de rapides ou d'une chute, devaient emprunter le plancher des vaches en transportant à bout de bras leur canot d'écorce. Entre Lachine et le Lac Huron, les aventuriers ont dû faire vingt et un portages. Même si Marie-Anne n'avait pas à porter le canot, ce voyage a été très épuisant pour elle et le petit être qui dormait dans son ventre. Elle était effectivement enceinte de quelques semaines à peine.

Marie-Anne Gaboury et son mari, Jean-Baptiste Lagimodière, sont arrivés au Fort William, dans la région de Red River (Manitoba), en 1806.
Finalement, à la fin de juillet 1806, la petite équipée est arrivée sans trop de difficultés à Red River (Manitoba). Ils ont par contre à défier une tempête violente sur le Lac Supérieur avant d'atteindre le Fort William. Cet endroit était le point de rencontre de tous les voyageurs et hivernants de la région. Marie-Anne et Jean-Baptiste y ont passé quelques jours et après avoir chargé leur nouveau canot du strict nécessaire, ils ont quitté leurs compagnons de route pour se diriger vers Pembina (à la frontière du
Le 6 janvier 1807 naissait la petite Reine Lagimodière
Manitoba et du Dakota du Nord (É-U). Là-bas, ils se sont installés au Fort Daer (lieu d'hivernement permanent) pour y passer leur premier hiver dans l'Ouest canadien. Et le 6 janvier 1807, Marie-Anne a mis aumonde une petite fille dénommée Reine en l'honneur de la fête des rois. Cette enfant a été le premier bébé blanc de tout l'Ouest canadien. Mais, au grand désespoir de sa mère, Reine n'a pas été baptisée à cette époque puisque aucun prête n'avait encore mis les pieds dans cette partie du pays.

La vie au Fort ou dans les prairies environnantes n'a pas été de tout repos pour notre grande aventurière. Des barrières, elle a dû en surmonter, surtout celle de la langue. Car même si plusieurs Canadiens-français s'étaient installés dans la région, la majorité avait épousé, à la mode du pays, des femmes indiennes qui ne parlaient pas le français. Elle a eu également beaucoup de misère à s'adapter à son nouveau mode de vie calqué sur celui des nomades. Sans cesse, les voyageurs devaient se déplacer pour suivre les troupeaux de bisons et ne se nourrissaient que des fruits de leur chasse. Les déplacements continus ne dérangeaient pas Marie-Anne mais elle aurait bien aimé avoir une maison où dormir. Il n'y avait que des tentes installées directement sur le sol dur et froid de la plaine. Les trappeurs courraient également de grands risques lors de la chasse. Ils pouvaient se retrouver au milieu d'une débandade de bisons ou être attaqués par des indiens. En effet, malgré l'existence d'une certaine interdépendance entre les Amérindiens et les Canadiens-français, ces derniers étaient parfois victimes des guerres entre tribus indiennes.

Puis, vers 1808, les Lagimodière ont quitté subitement la région de Pembina pour le Fort
Le poste de traite à Fort des Prairies qui appartenait à la Compagnie de la Baie d'Hudson. Par la suite, le Fort fut nommé le Fort Edmonton. Aujourd'hui, la capitale de l'Alberta, Edmonton, se situe sur l'ancien site de ce fort.
des Prairies (site actuel d'Edmonton en Alberta) en compagnie des familles Chalifoux, Belgrade et Paquin. Jean-Baptiste voulait à tout prix éloigner Marie-Anne de cette ville, sa vie étant grandement menacée par la femme indienne que Jean-Baptiste avait déjà fréquentée et qui lui avait donné trois fillettes métisses. Follement jalouse, l'Amérindienne menaçait d'empoisonner Marie-Anne.




Les quatre années durant lesquelles ilsont vécu au Fort des Prairies ont été encore plus dures pour Marie-Anne. Les déplacements ont été encore plus fréquents et les hivers très rudes.
Le petit Jean-Baptiste Lagimodière, dit La Prairie, est né au mois d'août 1808 dans les plaines de l'Alberta.
La guerre entre les Pieds-noirs et les Cris rendait la région très hostile aux voyageurs. Mais lors de ce périple, Marie-Anne a donné naissance à deux enfants qui ont fait le bonheur de leurs parents. Le premier, Jean-Baptiste dit La Prairie, a vu le jour en août 1808 dans la région du Fort des Prairies, au beau milieu des champs. Ce petit, aux yeux bleutés et aux cheveux couleur du blé, a beaucoup intrigué les Indiens qui n'avaient jamais vu de bébé pareil. À deux reprises, ils ont même tenté de le lui prendre. La première fois, ce fut une femme Pieds-noirs qui le prit dans son berceau alors que Marie-Anne s'était absentée pour quelques minutes, le temps d'aller chercher de l'eau à la rivière. Ensuite, un chef Assiniboine a essayé de l'acheter en échange de ses meilleurs chevaux et d'un de ses enfants. Il y a renoncé en voyant la pauvre mère fondre en larmes. Heureusement pour les Lagimodière, Josette (dite Cyprès), née en 1810 dans la région de Cypress Hill (frontière Alberta-Saskatchewan), n'a pas suscité le même intérêt que son frère aîné. Au grand bonheur de Marie-Anne, toutes ces mésaventures allaient bientôt prendre fin puisqu'en 1811, Jean-Baptiste lui annonça qu'il souhaitait partir pour Red River. Il avait entendu qu'un certain lord Selkirk, de la Compagnie de la Baie d'Hudson, voulait y construire une colonie. Une bonne occasion pour s'établir enfin de façon permanente.

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Les premiers pas de Marie-Anne Gaboury 
Le départ et vie dans les Terres d'En-haut 
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Les troubles de la colonie de Selkirk 
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